0/3 ans : en famille

un soutien à l'adoption

Vous cherchez des solutions par vous-mêmes :

Par vos attitudes éducatives :

Par des jeux sensoriels, jeux de contact et de communication :

Par le langage :

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premier tableau

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Présence régulière, prolongée, apaisante

- Vous prenez un congé parental long ...( !)

- Aux mêmes heures, le même parent est régulièrement présent auprès de l'enfant.

- Lorsque vous êtes avec l'enfant, vous êtes paisible, détendu (défoulez-vous ailleurs !), vous évitez toute colère mais vous n'êtes pas l'esclave de l'enfant, vous savez dire non de manière sereine et souriante.

- Vous vous relayez, papa et maman, et si nécessaire vous faites intervenir tout aussi régulièrement une ou deux personnes, mais pas davantage. Vous ne multipliez pas les visages étrangers autour de l'enfant.

Témoignage

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Vie quotidienne bien repérée, bien repérable

- Les horaires sont réglés : lever, repas, bain, coucher, à heures fixes, permettent à l'enfant de se poser, de pouvoir anticiper, donc se sentir enfin en sécurité.

- Vous ne déménagez pas et vous ne partez pas en vacances dans les premiers mois qui suivent l’arrivée de l’enfant.

- La vie chez vous n'est pas, n'est plus, une fête permanente, une invention de chaque instant. Elle est prévisible, routinière, peu excitante : mais vous savez mettre en place des rites plaisants pour annoncer les changements d'activité (une musique, une ritournelle, une gestuelle...). Ainsi vous donnez à votre enfant des repères.

- Si vous prévoyez un événement qui dérange la routine quotidienne (des invités, une visite des grands- parents, une fête, une sortie exceptionnelle), vous l'annoncez à l'avance à l'enfant, si petit soit-il, et vous le rassurez. Les changements d'habitude, dans sa vie, sont liés à des traumatismes, à des ruptures de lien, on l'a ballotté d'une maison à l'autre : c'est fini !

- Autrement dit, vous faites tout votre possible pour que l'enfant se sente en sécurité, ne soit pas surpris à l'improviste et qu'il ait de vous l'image d'un parent fiable.

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Faciliter, favoriser, ses régressions

- Pensez qu'il arrive chez vous très probablement avec un retard de développement, de stimulation, de croissance, de développement émotionnel et affectif.
Laissez-le régresser, réjouissez-vous en, ne vous en alarmez pas avant plusieurs mois.
Il peut reprendre le biberon, venir se blottir contre vous dans votre lit, simuler la têtée... vous ne provoquez pas ces comportements, mais vous les accompagnez avec compréhension et tolérance.

- Vous structurez l'espace en évitant les pièces trop grandes parfois angoissantes pour l'enfant.
Paravents et rideaux peuvent permettre de morceler la pièce et de créer un petit nid chaleureux.
Musique douce, lumière tamisée, modules suspendus ...

- Lorsque vous le douchez, ne commencez pas par la tête, par les cheveux, mais toujours par le corps et la nuque.
La nuque est le lieu du cerveau reptilien, le cerveau primitif, celui qui gère les réactions de survie. Avant de toucher à la tête de l'enfant (donc au cerveau limbique des émotions et au néo-cortex du développement cognitif, des activités langagières et autres activités symboliques) passez par la nuque et le cerveau reptilien, laissez-le se familiariser avec le contact et la température de l'eau à ce niveau-là.

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Apaiser un enfant colérique

- Une boisson sucrée et chaude calme souvent une crise d'opposition.

- Songez à confier certains rites au papa, avec qui certaines séparations sont parfois plus faciles (par exemple le coucher : il est plus facile parfois pour l'enfant de quitter maman au séjour après un câlin tendre et d'aller se coucher avec papa qui racontera une histoire ...)

- En cas de colère incontrôlable de l'enfant, même s'il a deux ans et demi, vous ne vous fâchez pas plus que vous ne le feriez avec un nourrisson. Vous attendez que ça se passe en lui parlant gentiment, d'une voie basse et un peu monocorde, comme s'il s'agissait de quelque chose de tout naturel.

- A partir de 18 mois deux ans, vous pouvez expérimenter le "coin colère" : un beau coussin confortable peut le symboliser, vous l'installez dans la pièce où vous êtes, dans un angle ou contre un mur, et vous y asseyez l'enfant dos au mur, vous regardant. Ce qui vous permet de lui parler, de lui sourire, de rester présente et bienveillante sans cesser de vaquer à vos occupations, jusqu'à ce qu'il se calme.

- N'envoyez pas un enfant "mal attaché", "peu attaché", se calmer seul dans sa chambre ... Cette exclusion n'est pas souhaitable, elle peut être vécue comme un rejet. Le coin colère n'est pas une punition, c'est un temps pour se calmer ... Le plus difficile avec certains enfants peut être de les y faire rester.

- Si l'enfant est simplement agité ou désobéissant, mais pas totalement "hors de lui", il acceptera bien le "coin colère" comme sanction : il faut alors fixer le temps de maintien dans le coin (un deuxième coussin peut être bienvenu, un coussin qui marque que "vous" n'êtes pas contente de son comportement.). Avec un tout petit, ça ne peut jamais être très long ...

- Si l'enfant est furieux, rageur, hors de lui, au point de refuser de rester dans le coin colère, mais qu'il aime être porté, touché, caressé, vous pouvez l'envelopper dans vos bras, voire dans une grande serviette douce, et le tenir contre vous dans une position où vous ne risquez pas de fatiguer (assise, à demi allongée dans un rocking chair etc), en lui parlant très doucement jusqu'à ce qu'il se calme.
Sa colère peut se transformer en pleurs ... il peut alors devenir caressant. Il peut aussi s'endormir, continuez alors à lui parler pendant qu'il entre dans le sommeil.
Cette pratique est connue sous le nom de "holding" ou "thérapie de maintien".

Précautions et limites

Témoignage

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Une réponse adaptée à ses comportements

Votre enfant ne se comporte pas toujours comme vous le souhaitez, et il vous faut le "cadrer", lui donner des limites, le structurer. Or il est colérique, ne supporte guère vos interventions, les inévitables frustrations...

Etablissez des priorités, n'essayez pas d'obtenir tout à la fois : commencez par interdire ce qui est moralement inacceptable (faire mal à d'autres enfants, faire mal aux animaux etc) et reportant à plus tard ce qui est plus culturel ou qui vise votre confort (les formes extérieures de la politesse, la propreté à table ...)

Soyez régulier(ère), cohérent(e), dans vos exigences : toujours les mêmes exigences et les mêmes réactions aux transgressions de l'enfant. Votre réponse à son comportement doit être, selon Johanne Lemieux, rapide, chaleureuse, prévisible, cohérente.

- Réponse rapide parce que vous y avez réfléchi à l'avance et qu'il s'établit une sorte d'automatisme : l'enfant déclenche lui-même votre réponse.

- Réponse chaleureuse parce que vous ne lui en voulez pas plus qu'au nourrisson qui vomit son biberon à peine ingurgité ou souille sa couche aussitôt changé. Il ne doit jamais douter de votre amour, de votre bienveillance, même lorsque vous le reprenez (et il faut le reprendre !)

- Réponse prévisible : c'est essentiel pour qu'un enfant se sente en sécurité chez un adulte fiable à qui il pourra faire confiance. Gagner la confiance de l'enfant en sorte qu'il se sente en sécurité chez vous est un préalable absolu à l'amour que l'enfant pourra vous porter.

- Réponse cohérente : papa et maman réagissent de la même façon, ce sont les mêmes valeurs qu'ils défendent, et la hiérarchie des valeurs est toujours la même, certains comportements sont plus fermement réprimés que d'autres, le respect d'autrui et de l'intégrité physique d'autrui est une priorité absolue.

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Une "banalisation" de sa différence

- Vous n'encouragez pas le comportement "séducteur" de votre enfant : il est séducteur pour se gagner la faveur des adultes, c'est un comportement de survie et d'adaptation sain dans un premier temps, mais qui peut très vite tourner à la manipulation. Ce n'est pas une star, une vedette, le rescapé d'un naufrage qui doit faire la une de Paris-Match ... c'est un enfant qui doit vivre sa vie comme les autres, parmi les autres ... sans tirer à lui toute la couverture

- Vous savez expliquer à vos amis, à vos voisins, à vos visiteurs, qu'il n'est pas bon d'exprimer trop d'admiration à l'enfant, surtout s'il se comporte spontanément en petit séducteur. Non, il n'est pas "trop mignon", "adorable", il n'est pas le centre d'intérêt permanent des autres enfants, il doit être traité comme tout le monde ! Ni victime ni héros ... ce sont des rôles trop difficiles à tenir, trop destructeurs de la vraie personnalité, pour un enfant. Etre résilient, c'est d'abord se vivre comme un parmi d'autres ...

- Tout ce qui renforce chez l'enfant le sentiment d'être exceptionnel, différent des autres, peut se traduire pour lui en une exacerbation des comportements auto-centrés, et l'empêcher de construire une vraie relation ouverte aux autres, de sujet à sujet.

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Eveiller l'intérêt de l'enfant, le stimuler, donner sens au monde

- Vous stimulez l'enfant au niveau de tous ses sens, progressivement, sans excitation excessive. Calmement.
Et vous nommez ce qu'il voit, ce qu'il entend, ce qu'il goûte, ce qu'il touche, ce qu'il sent.

- Vous chantez ou lui faites entendre de la musique avec un niveau sonore pas trop élevé, en reprenant souvent les mêmes airs, les mêmes mélodies (attentif/ve au plaisir ou au déplaisir qu'il manifeste).
Vous exprimez vos propres goûts, vos propres émotions, vous mettez des mots sur ce qui vous semble beau, joyeux, lent, triste, amusant ...

- Vous attirez son attention visuelle, vous montrez du doigt, vous guidez ses observations :
couleurs, éclairages, objets esthétiques,mais aussi spectacles de la nature (coucher de soleil, aube, paysages,vent dans les arbres) mais également les expressions de visage des gens autour de lui : papa a l'air content aujourd'hui, il sourit, - ou - il a l'air préoccupé, regarde ses gros sourcils froncés, regarde ses gestes brusques - "grand frère" est en colère, grand-mère semble fatiguée ...

- Vous brûlez des herbes aromatiques, aspergez de parfum, et vous nommez toujours ces odeurs. L'important n'est pas la simple stimulation sensorielle (les enfants qui présentent des troubles de l'attachement vivent dans un monde purement sensoriel), c'est la prise de conscience que vous lui permettez de faire par le langage, et le sens que vous lui attribuez : ce qui est agréable et désagréable, ce qui est beau et laid, ce que vous aimez et n'aimez pas.

- Même chose avec les goûts ...

- Vous respectez aussi des moments de silence, des moments sans stimulation, car votre enfant fatigue vite.
Il lui faut du temps pour intérioriser et évoquer ce que vous venez de lui montrer et de lui nommer.

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Jeux de miroir, jeux de cache-cache...

- N'oubliez pas que le contact cutané et le bercement précèdent, chez les tout-petits, le contact visuel. Avant d'exiger le contact visuel, vérifiez que le contact cutané est possible, qu'il accepte bien d'être touché, caressé, bercé.

- Pour accrocher son regard, vous inventez des jeux devant le miroir. S'il a du mal à vous regarder en face, s'il ne soutient pas le regard (c'est fréquent chez les enfants victimes de carence affective tout petits), ce sera plus facile pour lui d'apprivoiser votre regard devant un miroir : tantôt il se regarde, tantôt il vous regarde, il prend conscience du fait que vous êtes deux, distincts, ensemble. (Et c'est moins intrusif que de dire " regarde-moi dans les yeux quand je te parle" !).

- Vous faites avec lui des concours de grimaces. Devant la glace, bien entendu, pour qu'il se voie. Et vous en riez ensemble ! (Faites attention : est-il capable d'en rire ?)

- Vous reprenez le classique jeu de cache-cache "où il est mon bébé, il est caché, coucou le voilà" ... qui apprivoise l'absence et fait prendre conscience de la permanence de l'autre malgré l'absence.

- Vous cachez des objets qu'il doit retrouver. Vous lui dites de se cacher et vous le cherchez, vous le trouvez assez rapidement : même un enfant qui se développe normalement éprouve une angoisse d'abandon lorsqu'on ne le trouve pas ; il aime qu'on le cherche, il adore qu'on le trouve !

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Massages

- S'il est très petit, n'hésitez pas à le porter " à l'africaine ", sur votre corps, tout contre vous.

- Masser un bébé est une excellent occasion d'entrer en contact avec lui et de l'aider à prendre conscience des limites de son corps. Le massage par des professionnels a été introduit récemment dans certaines maternités et services de néo-natalité et semble très bénéfique aux nourrissons.

- Vous pouvez pratiquer le massage à heures fixes, par exemple aussitôt après le bain, en petites séances très courtes d'abord, pour ne pas fatiguer l'enfant et surtout pour vérifier qu'il y prend plaisir.

- Une autre occasion de massage est le retour de promenade, pour délasser les membres fatigués : on commence par les pieds (ce qui n'est pas trop intrusif), et peu à peu (au fil des jours) on prolonge, on monte un peu le long des jambes, on masse les épaules, le dos etc. Ne massez pas des parties du corps trop intimes (le visage, le ventre)

- Ce qui est intéressant, c'est que, vous aussi, la promenade vous a fatiguée ! Vous pouvez donc demander à votre " petit bout " de vous masser les pieds (c'est difficile à faire tout seul !). Il peut y avoir là, en dépit de l'évidente maladresse de l'enfant, un moment d'échange, de réciprocité, très riche de rencontre, d'échange, de plaisir partagé, de fou rire peut-être ...

- En le massant vous lui parlez, vous lui racontez une histoire qui met en scène le corps, vous nommez les parties du corps, ou vous lui mettez une musique qu'il aime (toujours la même ... c'est la musique du massage

ATTENTION : avec un enfant vraiment atteint de troubles d'attachement, un enfant qui fuit le contact, se raidit quand on le touche, le massage peut être vécu comme intrusif. Limitez-vous assez longtemps aux mains et aux pieds, demandez-lui s'il a mal aux jambes et s'il veut que vous continuiez, n'imposez rien si vous sentez que le remède est pire que le mal.

A consulter : le dossier "massage" du site tiboo.com et sa bibliographie

Précautions et limites du massage

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Jeux de "faire semblant"

- Si votre enfant ne joue pas, n'invente pas des jeux qui impliquent des changements de rôles, c'est-à-dire l'aptitude à rêver, à se projeter, à imaginer ce qu'un autre que soi peut désirer, faire, dire ... n'hésitez pas à l'y inciter.

- Inventer des jeux de sauvetage avec des animaux qu'il aime : par exemple l'adulte est une maman dauphin qui nage avec son bébé dauphin puis qui est attaquée par un méchant requin. Le bébé doit donc se réfugier tout près de sa maman qui réussira à le protéger. Il peut y avoir la version singe contre lion etc. L'idée est de favoriser le réflexe d'attachement où l'enfant DOIT trouver refuge auprès de son parent pour survivre et non pas essayer de se défendre tout seul

- Les marionnettes ou les simples doudous sont également un excellent outil ... Chacune est un personnage, et vous les faites parler. Il existe de très petites marionnettes qui correspondent chacune à un doigt de la main : dialogue entre les doigts de la main ...

- Plus simple encore, vous jouez avec lui en échangeant les rôles : il est le papa ou la maman, vous êtes le bébé. Il vous fait manger, vous refusez de manger ... Vous jouez à la marchande, vous faites un caprice pour avoir un bonbon ... Vous avez peur, il vous protège ... (A éviter si l'enfant cherche trop à avoir le contrôle sur vous, ne lui laissez pas alors la place d'adulte. A utiliser s'il est capricieux, toujours en demande...)

- Dans le même but, formulez devant lui des hypothèses sur ce que peut penser un autre enfant, son frère ou sa soeur, la voisine, la grand-mère, dans telle ou telle situation. " Tu as tapé ton copain d'école . Qu'est- ce qu'il pense maintenant, ton copain ? ".

- Tout ce qui peut aider votre enfant à se représenter que l'autre est un sujet, avec des désirs, des émotions, des pensées, à la fois semblables aux siennes et différentes des siennes, le fait progresser sur le plan psychique

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Parlez à votre enfant...

- Parler souvent à l'enfant, calmement, pas trop vite.
Ne répétez pas immédiatement ce que vous venez de dire. Laissez les mots pénétrer.

- Essayez de maîtriser votre timbre de voix pour avoir une voix rassurante, apaisante, qui n'effraie ni n'excite l'enfant.
Certains psychothérapeutes, certains orthophonistes, apprennent à poser leur voix (comme les chanteurs) pour faciliter le contact avec leurs jeunes patients.

- Expliquez à l'enfant ce qui se passe, nommez les événements, mettez des mots sur vos gestes, en particulier lorsque vous intervenez sur le corps de l'enfant : maintenant je vais te laver le visage, ou te masser le cou, ou t'essuyer les fesses...
Vous éviterez ainsi de le prendre par surprise et surtout vous développez en lui une distance intérieure par rapport à la réalité : le langage " décolle " de nous la réalité parce qu'il la rend " représentable ".
(Il en va de même pour vous quand vous confiez vos soucis à quelqu'un : cela vous soulage car cela met de la distance entre vos soucis et vous, vous les " représentez " et ce faisant ils cessent de faire corps avec vous.)

A lire ou relire : Françoise Dolto... C'est elle qui nous a appris que les enfants comprennent rapidement à peu près tout ce qu'on leur dit : tous petits ils comprennent le ton, l'intention (ton rassurant, ton grondeur, ton interrogateur) ; à dix mois ils comprennent beaucoup de choses, le langage " passif " (celui que l'enfant reçoit, comprend) est toujours très en avance sur le langage " actif " (celui que l'enfant produit, dont il a l'initiative). S'il parle à deux ans, c'est parce qu'il comprend bien avant.

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