3/6 ans : en famille

un soutien à l'adoption

Vous cherchez des solutions par vous-mêmes :

Par vos attitudes éducatives :

Par des activités qui impliquent son corps :

Par des activités qui impliquent le jeu, le langage, l'expression des émotions :

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dessin d'Elise, 3 ans

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Présence régulière, prolongée, apaisante

Si l'enfant arrive chez vous entre 3 et 6 ans, les conseils donnés pour les plus jeunes sont encore pertinents pour sécuriser l'enfant, nous les rappelons brièvement ci-dessous

- Congé parental le plus long possible ...

- Présence régulière et assidue du même parent auprès de l'enfant.

- Extrême régularité voire routinisation du rythme quotidien : ni surprise ni improvisation, un emploi du temps annoncé oralement, visualisé sur un dessin ou par écrit pour les plus grands.

- Lorsque vous êtes avec l'enfant, vous êtes paisible, détendu (vous défoulez ailleurs !), vous évitez toute colère mais vous n'êtes pas l'esclave de l'enfant, vous savez dire non de manière sereine et souriante.

- Vous passez souvent des week-ends paisibles, parents et enfants, à la maison. Vous reprenez les jeux et les loisirs qui ont plu à l'enfant, vous cuisinez les plats qu'il aime ...

- Vous vous relayez, papa et maman, et si nécessaire vous faites intervenir tout aussi régulièrement une ou deux personnes, mais pas davantage. Vous ne multipliez pas les visages étrangers autour de l'enfant. Pas trop de monde à la maison même s'il est demandeur.

- S'il a des tâches à réaliser, la liste est claire et lui est connue, elle peut être matérialisée par un dessin, par des symboles : s'habiller seul le matin (vous avez soigneusement préparé les habits sur la chaise, toujours dans le même ordre, c'est vous qui les choisissez mais vous tenez compte de ses goûts), se laver les dents, laver les lunettes, prendre le petit déjeuner, éventuellement mettre le couvert, rendre tel ou tel service à celui qui rentre du travail etc...

Lire : Niels Peter Rygaard "L’enfant abandonné" Editions de Boeck 2005.

Témoignage

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Vous acceptez ses régressions, vous lui donnez du temps pour grandir

Particulièrement important si l'enfant arrive chez vous entre 3 et 6 ans, moins pertinent si l'enfant est arrivé chez vous tout petit

- Vous ne vous pressez pas de le scolariser, vous lui laissez le temps de s'attacher à vous d'abord.
Bien sûr, s'il a vécu en collectivité, il peut aimer se trouver au milieu d'autres enfants et désirer l'école...
Cherchez des compromis : un temps de jeu avec d'autres enfants peut être souhaitable, mais l'école de 9h à 17h avec la cantine, à trois ou quatre ans quand l'enfant arrive, ce n'est possible et souhaitable que s'il est visiblement attaché à vous (et en ce cas il a moins envie de vous quitter pour aller à l'école !

- N'oubliez pas que la nourriture est pour lui la première source de réconfort. Offrez-lui en souvent , mais en petite quantité (en sorte qu'il garde appétit pour les repas familiaux).

- Tolérez bien ses régressions : c'est le signe qu'il fait son nid chez vous, il a besoin de rattraper ce qui lui a manqué plus petit. Biberon tardif, couches s'il en demande, se faire dorloter, simuler la têtée (ça arrive), rien d'alarmant dans tout cela. Sachez le faire évoluer ensuite en douceur et sans reproche.

Témoignages

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Maman, vous faites de la place au papa. Papa, vous n'hésitez pas à prendre votre place

- Ne prenez pas ombrage si l'attachement se fait d'abord avec le père : il n'est pas rare que l'enfant se sente plus sécurisé avec un homme, l'abandon c'est une histoire de femme pour l'enfant ...
(Mais il arrive aussi que faute d'avoir vu des hommes à l'orphelinat, l'enfant ait d'abord peur du père ... Soyez patient, ça passe toujours même si ça paraît long ...)

- Impliquez le père dans la vie quotidienne, dans la mesure du possible ... Les mères ont parfois tendance à vouloir tout faire !
Le père est très bienvenu aussi pour le bain (moment de discussion et de jeux), pour l'histoire du soir, pour le coucher final qui est souvent plus efficace avec lui, pour les levers éventuels la nuit si l'enfant fait un cauchemar

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Accompagnez l'endormissement de l'enfant

Il existe déjà une énorme littérature sur cet important chapitre : l'enfant angoissé dort mal, s'endort difficilement, se relève, a des cauchemars ... Que faire ?

- Certains parents remettent en question le dogme de " l'enfant doit avoir sa chambre à lui ". Il s'agit là d'un a priori de nos pays occidentaux, au demeurant fort récent : vos propres parents dans des familles nombreuses ont vraisemblablement partagé longtemps une chambre de fratrie. Votre enfant vivait sans doute en collectivité, dormait avec d'autres ... Beaucoup d'enfants dorment mieux s'ils entendent quelqu'un respirer dans leur chambre. Alors : dans celle d'un frère ou d'une sœur ? dans la vôtre ? Pourquoi pas ... pour un temps ... Si c'est dans la vôtre il faut prévoir le terme (pas plus d'un an), y préparer l'enfant, lui faire vivre son départ comme le signe qu'il grandit et le valoriser. Si c'est dans la chambre d'un frère ou d'une sœur, attendre que les enfants demandent à être séparés ...

- L'enfant a sa chambre à lui : vous mettez au point un rite du soir, immuable ; vous laissez une lumière filtrer dans la chambre ; vous vous retirez lentement ... et si vraiment l'angoisse de l'enfant est trop évidente, vous attendez qu'il soit endormi pour quitter sa chambre ...

- Si votre enfant est scolarisé, vous le laissez inviter de temps en temps, les veilles de jour sans école, un petit copain qui va dormir dans sa chambre. Il va découvrir qu'un autre enfant peut s'endormir hors de chez lui sans panique et profiter de sa présence pour se rassurer.

- Si votre enfant se réveille dans la nuit et hurle - surtout si cela devient une habitude -, n'entrez pas dans sa chambre, restez sur le seuil et parlez lui doucement, dites-lui " calme-toi, je rentrerai te faire un bisou dès que tu seras calmé " ... Il faut éviter que l'enfant vous fasse marcher, que la surenchère soit payante ... (Conseil de Johanne Lemieux)

- ... ou encore dites-lui de se lever tranquillement pour venir vous rejoindre, amenez le peu à peu à venir vous retrouver la nuit s'il a un problème, et non plus à crier en vous appelant (surtout s'il risque de réveiller ses frères et sœurs (conseil d'une maman)

- Sachez que certains parents se sont levés chaque nuit deux ou trois fois (cauchemars) pendant deux ans ... et que cela a fini par passer !

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Vous lui apprenez à "faire des choses" ... une à la fois

Cette suggestion, telle qu'elle est formulée, est empruntée largement à Niels Rygaard dans son livre "L'enfant abandonné", et concerne surtout les enfants atteints de très graves troubles de l'attachement dûs à une carence affective précoce, dont tout le développement psychomoteur se trouve handicapé.

- Vous lui apprenez patiemment à faire ce qu'il ne sait pas faire (s'habiller seul, se laver les dents, ouvrir et fermer un tiroir etc.), par imitation de votre propre comportement, une seule chose à la fois pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines, et vous passez à une autre lorsque la première est maîtrisée

- Vous êtes alors seul avec lui, vous le touchez pour attirer son attention, vous le regardez en face, vous formulez consignes ou conseils en peu de mots mais très clairement.

- En cas d'échec de l'enfant, vous assumez vous-même l'échec, sans jamais faire de reproche à l'enfant : "Désolé(e), c'était trop difficile" ou "c'est de ma faute, j'aurais dû t'aider mieux"

- Vous êtes gentil mais sans excès, toujours avec une certaine distance, vous notez sa réussite quand elle est là mais sans excès d'enthousiasme.

- Ce faisant vous poursuivez deux objectifs : lui apprendre à faire quelque chose d'utile, lui apprendre à accepter une certaine relation à un adulte qui le prend en charge et assure sa protection. Il doit percevoir ce qu'il gagne à accepter votre contrôle parental.

Vous limitez le nombre de situations déstabilisantes et/ou excitantes

- C'est-à-dire le nombre de personnes extérieures qui interviennent auprès de l'enfant, même s'il le supporte bien. L'école lui suffit !

- ...ainsi que le nombre d'activités périscolaires, la cantine etc. tout ce qui rend les journées longues et bruyantes. Le rythme d'activités des enfants dans un pays comme le nôtre est beaucoup plus soutenu que dans les pays dont viennent nos enfants

- Ayez des activités calmes à partir de 17h

- Choisissez bien ses émissions de télévision : les reportages animaliers sont plus paisibles que les mangas japonais etc.

- Ne vous précipitez pas pour demander un petit frère ou une petite soeur pour votre enfant ... prenez tout le temps nécessaire pour apprivoiser celui-là ou celle-là, car l'arrivée d'un nouvel enfant peut avoir un effet déstabilisateur, réveiller des craintes d'abandon ...

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Une réponse adaptée à ses comportements

Cette piste est la même que pour les enfants de 18 mois à 3 ans

- Votre enfant ne se comporte pas toujours comme vous le souhaitez, et il vous faut le " cadrer ", lui donner des limites, le structurer. Or il est colérique, ne supporte guère ni vos interventions ni les inévitables frustrations ... Etablissez des priorités, n'essayez pas d'obtenir tout à la fois. Commencez par interdire ce qui est moralement inacceptable (faire mal à d'autres enfants, faire mal aux animaux etc). Reportez à plus tard ce qui est plus culturel ou qui vise votre confort (les formes extérieures de la politesse, la propreté à table ...)

- Soyez régulier(-ère), cohérent(e), dans vos exigences : toujours les mêmes exigences et les mêmes réactions aux transgressions de l'enfant. C'est vous qui devez avoir le contrôle de la vie quotidienne, pas lui. Il doit apprendre à vous faire confiance. Votre réponse à son comportement doit être, selon Johanne Lemieux, rapide, chaleureuse, prévisible, cohérente.

- Réponse rapide parce que vous y avez réfléchi à l'avance et qu'il s'établit une sorte d'automatisme : l'enfant déclenche lui-même votre réponse.

- Réponse chaleureuse parce que vous ne lui en voulez pas plus qu'au nourrisson qui vomit son biberon à peine ingurgité ou souille sa couche aussitôt changé. Il ne doit jamais douter de votre amour, de votre bienveillance, même lorsque vous le reprenez (et il faut le reprendre !)

- Réponse prévisible : c'est essentiel pour qu'un enfant se sente en sécurité chez un adulte fiable à qui il pourra faire confiance. Gagner la confiance de l'enfant en sorte qu'il se sente en sécurité chez vous est un préalable absolu à l'amour que l'enfant pourra vous porter.

- Réponse cohérente : papa et maman réagissent de la même façon, ce sont les mêmes valeurs qu'ils défendent, et la hiérarchie des valeurs est toujours la même, certains comportements sont plus fermement réprimés que d'autres, le respect d'autrui et de l'intégrité physique d'autrui est une priorité absolue.

- N'oubliez pas qu'une boisson sucrée calme souvent une crise d'opposition. (En hypoglycémie l'enfant est irritable... mais l'excès de sucre est excitant, dit une maman... hum, il endort plutôt, répond une maman médecin...)

Témoignage

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Une réponse qui fortifie son narcissisme, son estime de soi.

- Vous pratiquez plutôt le renforcement positif des comportements que vous appréciez, que la critique des comportements négatifs. Vous n'oubliez jamais de dire que vous avez apprécié ces deux heures (exceptionnellement) passées sans caprice et sans colère, vous l'en félicitez.

- Vous pouvez faire choix d'objets que l'enfant apprécie (du genre : billes, pour les garçons) et faire cadeau d'une bille lorsque le comportement a été agréable, ou en reprendre une lorsque le comportement a été désagréable. Sans colère de votre part. Vous pouvez lui demander s'il a mérité ou non une bille ou un retrait de bille. En sorte qu'il apprenne à évaluer son propre comportement. (Certains vont jusqu'à la position suivante : ce qui est donné à l'enfant n'a pas de valeur en soi, c'est une monnaie qu'il utilise pour avoir droit à un temps de télé par exemple... Il achète un plaisir par son bon comportement...)

- C'est ce que Johanne Lemieux appelle "nurtured heart" qui est, dit-elle, adapté à la dévalorisation de soi qu'entraîne l'abandon chez nos enfants , parce que cela respecte leur besoin d'exercer un contrôle sur leur vie tout en les amenant à tenir compte de la demande qui vient de l'environnement.

A consulter : le site difficultchild.com

Témoignage

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Une réponse adaptée à ses colères

- Vous ne laissez jamais la colère de l'enfant vous gagner ! C'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire, car les émotions ont un grand pouvoir de contagion ; il est cependant essentiel qu'il vous sente calme et serein lorsqu'il est lui-même débordé par ses émotions, qui sont effrayantes aussi pour lui. Imaginez-vous en pleine mer sur un petit bateau dans la tempête : vous paniquez, vous agressez les autres ... Vous préférez un capitaine ferme, voire dur avec vous, mais serein, ou un capitaine qui perd son propre contrôle ?)

- L'enfant refuse de se laisser faire pour des comportements de vie quotidienne (mettre un manteau pour sortir, ou ses chaussures, se laver les dents etc). Myriam Monseur, psychothérapeute belge, explique qu'elle utilise dans son cabinet de consultation des marionnettes et qu'elle propose à l'enfant d'habiller la marionnette, de lui mettre son manteau, de la chausser ou de lui laver les dents ... Il semble que cela rassure l'enfant, que cela fasse tomber des angoisses : il l'a fait, la marionnette l'a bien supporté, ce n'est pas dangereux, il en a maintenant une représentation mentale : en général l'opposition tombe.

- En cas de grosse crise de colère, "time in" ou "time out" ?

- "Time out" au sens où l'enfant est mis hors jeu pour quelque temps (on ne discute, on n'accède à ses désirs, que lorsqu'il est calmé ... Vous appelez ça "hors jeu" s'il aime le foot, ou "time out" ou "parenthèse" ... mais il doit identifier la situation : il est en crise, vous suspendez tout en attendant que ça passe, comme s'il s'agissait d'une crise d'asthme ou d'une quinte de toux, sans lui en faire reproche mais fermement. Ce "time out" ne se passe seul dans sa chambre que s'il vous est suffisamment attaché ... et encore est-ce un peu dangereux de l'isoler s'il est capable de mettre sa chambre à sac ...

- "Time in" sera souvent préférable ... c'est-à-dire que ce temps d'exclusion de toute activité se fait en compagnie de l'un de vous, papa ou maman, dans la pièce où vous êtes ou dans une pièce toujours la même où vous l'accompagnez et où vous attendez qu'il se calme. Dans les cas vraiment graves, c'est là qu'il est bon d'être très disponible (en congé parental, ou capable de justifier un retard au travail en invoquant la santé de l'enfant) car cela peut prendre du temps ... surtout la première fois.

- La réconciliation qui suit doit être chaleureuse, mais pas excessivement gratifiante ... sinon vous risquez qu'il recommence pour le bonheur du temps qui suit sa colère ! Songez plutôt à le féliciter sans trop appuyer lorsqu'il se comporte bien, à remarquer ses efforts et à les récompenser légèrement, à noter les périodes sans crise et à lui en attribuer le mérite.

- La pratique du holding présentée pour les tout petits (enveloppement de l'enfant dans un grand linge ou une couverture et maintien de l'enfant contre votre corps jusqu'à ce que sa colère s'apaise) est encore possible à cet âge, si vous êtes suffisamment fort (physiquement et psychiquement) pour tenir longtemps sans vous laisser gagner par l'énervement et la colère ... A utiliser avec modération et sans improvisation, dans les cas sévères, après avoir lu notre texte sur le holding : précautions, limites.

Témoignage : time in / time out

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Vous cherchez comment il peut être bien dans son corps...
et accepter peu à peu les câlins

- Vous pratiquez des petites séances de relaxation pour que l'enfant apprenne à relâcher son corps et à y trouver du plaisir.

- Vous massez légèrement l'enfant après la douche avec un lait de toilette très doux, en commençant par les pieds pour habituer l'enfant à être touché, caressé. Remonter un peu plus haut chaque jour sur le corps de l'enfant. Commencer par de courts massages et augmenter lorsque l'enfant y prend plaisir, manifeste du plaisir. Précautions et limites

- Si votre enfant exprime un rejet du contact, n'aime pas être touché, massé, soyez attentif à ne pas être intrusif... Il est toujours plus facile d'accepter le massage des pieds et des mains, du dos de la nuque et des épaules, que le massage du devant du corps. Justifiez au besoin le massage par des arguments médicaux et, s'il a cinq-six ans, proposez-lui de vous masser lui aussi.

- Si vous sentez que c'est vraiment, pour lui, insupportable, arrêtez... et consultez. Le diagnostic de trouble de l'attachement est hautement probable.

- S'il rejette le contact, ne le prenez jamais serré contre vous : si vous êtes amené à l'asseoir sur vos genoux, il ne touche pas votre ventre, il est assis bien droit sur vos genoux et non sur vos cuisses, son dos face à vous. Le rapprochement doit venir de lui, ne lui imposez pas une intimité qu'il fuit.

- De préférence vous l'asseyez à côté de vous (salle d'attente de médecin par exemple) et pour le rassurer vous lui tenez la main, ou posez votre main sur son genou.

- Sachez diminuer vos demandes affectives, ne pas avoir une attente trop forte : laissez-le venir vers vous à son rythme, et répondez à sa demande de câlins quand il en a une ... Dites-lui qu'il peut exprimer son désir de câlins, qu'il sera bienvenu s'il en demande.

Lire : Niels Peter Rygaard "L’enfant abandonné" Editions de Boeck - page 145

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Vous amenez peu à peu l'enfant à soutenir votre regard

- Rappelez-vous : le contact cutané (peau à peau) et le bercement précèdent normalement le contact visuel (les yeux dans les yeux).

- Si "soutenir le regard" ne pose aucun problème entre votre enfant et vous, réjouissez-vous ... C'est bien parti entre vous ! (A moins que son regard ne soit provocant, hostile ...).

- S'il a du mal à soutenir votre regard, à vous regarder en face, essayez d'en faire un jeu, de le faire en riant , dans les bons moments... Posez-vous, posez-lui des questions sur la couleur de ses yeux et des vôtres, leur forme, est-ce qu'ils changent de forme quand il rit, quand il est fâché, quand il est triste... Vas-y, regarde-moi avec un air fâché ? Je vais te dire si tes yeux changent ? Et moi regarde comment je suis quand j'ai les yeux tristes... Jeux de faire semblant, jeu d'expression des émotions et échanges de regard... tout à la fois

- Amenez-le aussi à soutenir sa propre image dans le miroir, à aimer se regarder, à se trouver beau, à se voir en photo... C'est très important qu'il s'accepte bien lui-même, surtout s'il est très différent physiquement de la majorité des enfants français

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Vous avez avec lui une activité physique plaisante pour vous deux,
sans compétition ni performance

- Promenades à pieds, ou en vélo, baignades en piscine ou à la plage, trottinette...

- Jeux de cache-cache, excellents pour élaborer les notions de séparation, individuation, différenciation. (Ne pas trop rester dans le "fusionnel")

- Dans les parcs pour enfants, vous l'aidez à se balancer en le poussant doucement, c'est comme si vous le berciez ... Ou bien vous disposez d'un hamac, vous vous y bercez à tour de rôle, puis peut-être ensemble.

- S'il a des troubles d'attachement profonds, il a peu d'endurance : ne cherchez jamais la performance avec lui. Nos enfants adoptés ont souvent une mauvaise image d'eux-mêmes, la compétition les met mal à l'aise, laissez leur du temps avant de parler performance ...

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Vous pratiquez le holding en cas de colère ?
Réfléchissez-y bien ...

- Entre trois et six-sept ans, il est encore possible de stopper la folle colère d'un enfant qui casse tout, qui risque de se blesser, qui "ne se connaît plus, ne se contrôle plus", en pratiquant le "holding", pratique qui consiste à envelopper l'enfant dans ses bras, en s'aidant éventuellement d'une couverture ou d'un grand drap douillet pour éviter de trop le serrer et de lui faire mal, et à le tenir ainsi contre soi le temps qu'il se calme, en lui parlant gentiment pour l'apaiser, sans jamais s'énerver soi-même.

- C'est plus facile à pratiquer par le père, car il faut être nettement plus fort que l'enfant pour tenir bon jusqu'à ce que l'enfant cesse de se débattre et s'apaise, souvent en larmes, jusqu'à être tendre avec celui qui le tient.

- Si vous arrivez à le faire et que l'enfant est tout doux tout tendre à l'issue de la crise, vous avez gagné quelque chose ... C'est le signe qu'il éprouve le besoin d'être cadré, contenu par vous, et qu'il ne vous en veut pas de le faire, donc qu'il a confiance. Et le moment de la fin est très bon à vivre pour tous les deux. Donc cela peut être éventuellement recommencé ...

- Mais attention, percevez bien les limites de l'enfant ... S'il le vit comme une violence qui lui est faite, une atteinte à son intimité, le remède peut être pire que le mal, ...

- Cliquez sur "Précautions et limites" ... Voir aussi ce que nous en disions pour les tout petits ...

- Ne pratiquez pas le holding avec un enfant fugueur. Dans un premier temps, rattrapez-le et dites-lui que vous ne le laisserez pas repartir, que vous le retrouverez toujours. S'il récidive, vérifiez qu'il n'en fait pas un jeu en lui ouvrant grand la porte (ou en partant sans lui s'il se cache) : cela y met en général un terme, il renonce à vous manipuler parce qu'il a plus peur que vous dans cette situation. Il joue à partir parce qu'ainsi il vous fait faire ce qu'il désire : vous obliger à ne vous occuper que de lui.

Témoignage : enfant fugueur

Témoignage : holding

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Vous mettez des mots sur ce qu'il vit...

- Vous mettez des mots sur les émotions qu'il manifeste, à travers ce que vous en voyez. Non pas pour figer les choses (vous pouvez y mettre une pointe d'interrogation dans le ton), mais pour l'aider à trouver un autre mode d'expression que le passage à l'acte. Quand il pourra nommer ses émotions, ses sentiments, il aura peut-être moins besoin de les agir.

- Vous évitez de dire "En ce moment tu es méchant", vous dites plutôt "je vois que tu n'es pas bien" ou "je vois que tu souffres"

- Vous formulez des hypothèses sur l'origine de ses émotions, de ses tristesses, de ses colères. Ce qui est une manière de l'aider à se comprendre lui-même, à prendre de la distance par rapport à ses affects ; et aussi une manière de lui faire sentir votre désir de le comprendre et non de le juger.

- Vous pouvez lui dire, si vous sentez en lui une colère contre son passé, contre sa mère de naissance, contre vous, que cela vous paraît normal, qu'à sa place vous aussi vous seriez sans doute triste et en colère ... avant de préciser que toutefois il ne doit pas taper sur son entourage, casser tous les objets à sa portée etc. Parfois aussi l'origine des colères ou des chagrins est beaucoup plus proche et banal : jalousie entre frère et soeur, fâcherie à l'école, frustration etc. Il ne faut pas non plus l'inciter à tout mettre sur le dos du passé et à se poser en victime constamment ... Le difficile est de deviner juste, d'être empathique avec l'enfant pour percevoir la nature et la profondeur de ses chagrins.

- En fait ce serait encore mieux de réussir à en parler de manière un peu distanciée, de dire "on", au lieu de dire "tu". Non pas "je pense que tu es en colère contre ta maman de naissance", mais "tu sais, quelquefois, quand on a vécu des choses difficiles, on reste longtemps en colère contre les gens mais un jour..." . Comment donner à entendre à votre enfant que sa colère est compréhensible, mais que dépasser la colère est indispensable pour être heureux ? ...

- Vous avez nommé et expliqué l'adoption, vous lui racontez son histoire, surtout lorsqu'il la demande, et vous lui rappelez qu'il est en sécurité chez vous pour toujours.

- S'il vous dit qu'il ne vous aime pas, que vous n'êtes pas son vrai papa ou sa vraie maman, ne vous effondrez pas : dites-lui qu'il a le droit de penser ça, qu'il a le droit de regretter sa mère de naissance, mais que vous allez tout faire pour qu'il ne soit pas trop malheureux, pour qu'il devienne un bel adulte dont son père et sa mère de naissance pourraient être fiers ...

- Dites lui aussi que son adoption est définitive, que c'est écrit dans les papiers officiels, parce qu'il a besoin d'être protégé jusqu'à sa majorité, mais que vivre ensemble ne l'oblige pas à vous aimer. Simplement il est trop petit pour vivre seul, il restera chez vous tant qu'il est petit et qu'il en a besoin,. Plus grand, il pourra choisir ...

- Vous pouvez dire : "Maintenant tu me détestes, hein ? " ou " Maintenant tu penses que je ne t'aime pas ", d'un ton calme et gentil ... Si vous avez bien deviné, il se sentira " compris, contenu et accepté ", explique Niels Rygaard ("L’enfant abandonné" Editions de Boeck)

Témoignages : mettre des mots...

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Vous l'aidez à mettre ses propres mots sur ses émotions,
à les exprimer par des symboles, des dessins ...

- Une colère proférée, voire hurlée (avec injures, grossièretés) est préférable à une colère agie, avec passage à l'acte violent.
Une colère nommée ("je suis en colère contre toi !") est préférable à une colère hurlée.
Aidez votre enfant à passer de l'un à l'autre...

- Inventez pour lui ou empruntez à ses dessins spontanés, à ses livres d'enfants, à ses animaux préférés, des symboles pour ses sentiments (colère, peur, honte, joie ...).
S'il n'y met pas les mots, peut-être peut-il utiliser les symboles pour dire ce qu'il ressent.

- Faites lui évoquer, à partir de contes pour enfants (le petit Poucet perdu par ses parents dans la forêt ..., Cendrillon et sa marâtre) ce que peut éprouver un enfant abandonné, un enfant ballotté d'un lieu à un autre, un enfant qui a peur d'un étranger, un enfant qui déteste sa marâtre... encouragez-le à exprimer ses émotions à lui sous couvert d'un autre et ce faisant à se mettre aussi à la place d'un autre, et bien sûr soyez empathique, dites, vous aussi, ce que vous éprouveriez : "Moi aussi si j'étais Poucet j'aurais très peur, je serais très en colère".

- Aidez le à se représenter en mots ce qui va se passer dans un avenir proche, à prévoir et planifier son comportement ("Nous arrivons chez papi et mamie : à qui vas-tu dire bonjour ? comment vas-tu leur dire ?" ou bien "Demain c'est lundi, que vas-tu faire demain ?")

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Vous acceptez d'entendre ses souvenirs, vous l'aidez à se souvenir...
sans l'y inciter, lorsque cela vient de lui.

- Laissez l'enfant dire à qui bon lui semble d'où il vient et qu'il est un enfant adopté : cela fait partie de son identité. S'il dit le contraire, ne dites pas trop vite le contraire, mais reparlez-en avec lui dans un moment d'intimité.
("Tu as dit l'autre jour à mamie que tu étais né dans mon ventre : tu aurais aimé être dans mon ventre ? ... J'aurais bien aimé moi aussi. ... C'est dommage qu'on n'ait pas pu le faire. ... C'est bien aussi ce qu'on vit maintenant, non ? Pour moi, tu es né dans mon cœur ...")

- Laissez l'enfant se souvenir, même si certains souvenirs semblent abracadabrants. Il a droit à ses fantasmes, à son imaginaire, à se créer sa propre histoire ; et cela aussi peut être repris un peu plus tard.

- Pour parler du passé, vous pouvez vous aider de "choses à voir", photos affichées sur un panneau mural, objets de son passé soigneusement conservées, boîte à souvenirs, albums avec tous les documents et photos de son adoption : pas forcément placées à un endroit incontournable (il ne s'agit pas de lui imposer un rappel constant du passé), mais à un endroit connu de lui et accessible quand il en a envie. Vous répondez à ses questions mais vous ne lui imposez rien. (Voir aussi la boîte à racines évoquée pour les tout petits : si elle existe, elle va servir !)

- Il n'est pas coréen, ou brésilien, ou malgache. Il est français, français à part entière.
Il peut décider dans sa tête d'être "aussi" coréen ou etc., mais ne faites pas de lui un français au rabais.
Il n'est pas moitié français moitié malgache, il est totalement français et peut-être aussi totalement malgache... Tout le monde ne peut pas en dire autant ! C'est une richesse !

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Vous favorisez chez lui les activités d'imagination : jeux et activités artistiques

- S'il ne joue pas à faire semblant, s'il n'est pas à l'aise dans un rôle emprunté (ce qui est un signe majeur d'enfant avec troubles de l'attachement par carence affective de la toute petite enfance), initiez vous-même des jeux de rôle, sur un mode plaisant : vous mimez quelqu'un de votre entourage, sans méchanceté, papa lorsqu'il est en colère, grand-père lorsqu'il ne trouve pas son journal et que ça l'énerve ou au contraire sa patience pour jouer avec la petite sœur etc et vous invitez l'enfant à faire de même.

- Vous avez à la maison un petit théâtre de marionnettes, ou plus simplement des poupées, et vous jouez avec lui à des scènes papa-maman-enfant.

- Vous encouragez toutes expressions artistiques : dessin, modelage, peinture, rythme, chanson, dans lesquelles vont passer les émotions qu'il ne sait pas encore dire autrement, et d'une manière socialement valorisée. Un beau dessin de tempête est félicité, et pourtant c'est peut-être une vraie colère qui se cache derrière ! (Ne le "cuisinez" pas pour savoir ce qu'il y a derrière, laissez le parler s'il le désire, sinon le dessin suffit : un enfant a droit aussi à son jardin secret ...)

- Vous êtes à l'écoute de votre enfant dans les activités où il s'exprime, mais cette écoute est respectueuse et non intrusive. Vous essayez de comprendre, mais il ne s'agit pas d'un interrogatoire permanent ...

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