6/12 ans : en famille

un soutien à l'adoption

Vous cherchez des solutions par vous-mêmes :

Par vos attitudes éducatives :

Par des activités artistiques, sportives et de communication :

Par l'échange verbal :

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dessin de Lena, 9 ans

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Trouver la bonne distance affective

C'est sans doute là une des clefs, un des problèmes les plus délicats et les plus importants à régler, si votre enfant présente des troubles de l'attachement. Car il a besoin de vous être attaché, il a besoin de votre présence et de votre soutien, mais il en a peur, il éprouve un désir d'autonomie, un besoin de contrôler sa propre existence puisque les adultes ont été, à ses yeux, défaillants jusqu'ici,...
Toute pression pour obtenir de lui des marques d'affection sera mal ressentie par lui.
Il faut que ça "vienne de lui", que vous sachiez être disponible sans être demandeurs, présents sans être envahissants... bref : à juste distance !

- Vous renoncez à l'espoir d'une intimité affective rapide, vous savez attendre, vous n'attaquez pas ses mécanismes de défense de manière frontale.

Concrètement, cela signifie par exemple :

- Vous mettez en place quelques rites de proximité, des moments où vous êtes disponible rien que pour lui, où vous faites quelque chose avec lui, peu nombreux mais symboliquement importants. Ce peut être au moment du coucher s'il l'accepte (mais il peut préférer se sentir libre dans sa chambre), ce peut être, s'il y a des frères et sœurs, un rendez-vous mensuel en tête à tête au restaurant, papa maman et lui tout seul, les frères et sœurs étant sous surveillance d'une baby-sitter s'ils sont petits, ou chez leur marraine ou ... Si vous avez deux ou trois enfants du même âge, il peut y avoir un rendez-vous à tour de rôle (fin janvier c'est David, fin février c'est Maëlle etc). Cette idée nous vient d'une maman qui en avait cinq, le tour de chacun ne revenait donc pas souvent mais c'était un rite très important pour tous.

- Vous vivez pour vous, et pas seulement pour lui. Il n'est pas le centre du monde. Malgré vos inquiétudes à son sujet, vous savez lui montrer que vous avez des centres d'intérêt dans la vie, au dehors, que vous pouvez être heureux/heureuse sans lui ... en sorte qu'il ne se sente pas prisonnier à vie de votre amour, et qu'il puisse vous admirer pour vos passions, vos performances sportives, vos succès au bridge, votre popularité parmi vos amis, votre culture cinématographique. Le face à face constant est épuisant et stérile ...

- Mettez beaucoup d'humour dans la relation, l'humour est toujours une bonne distance.
Attention, ne confondez pas avec l'ironie, qui est méchante et qui agresse.
L'humour ! "Si quelqu'un entrait maintenant, il aurait du mal à croire qu'on s'aime bien tous les deux, tu ne crois pas ?" (L'enfant va dire : "moi, je te déteste", et vous allez répondre : "mais non, c'est juste que tu es en colère, moi en tout cas je suis fâchée mais je t'aime beaucoup quand même")

- Ne craquez pas quand il vous agresse. Il n'est pas tout entier dans ce qu'il vous dit, une autre partie de lui vous aime, mais il est clivé, il ne sent pas l'existence de cette autre partie à ce moment-là.
Un enfant persécuteur est un enfant qui a peur : si vous craquez, il aura encore plus peur ...

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Mettre la bonne distance dans la vie quotidienne

- Pour éviter les affrontements lors de refus d'obéissance, vous instituez une sorte de règlement de fonctionnement de la maison, qui soit connu de tous, commun à tous, et de préférence écrit. Par exemple vous avez établi ensemble un tableau de répartition des tâches entre frères et sœurs (un jour celui-ci met la table, le lendemain il la débarrasse, le troisième jour il balaie, par exemple ...) C'est écrit, c'est équitable, l'enfant ne peut pas dire qu'il est victime, que c'est toujours lui qui etc . (Il dira que c'est toujours lui qui tombe sur les assiettes les plus sales à débarrasser ! ... mais vous avez de l'humour...). Autre exemple : le jour où vous faites les chambres est fixe dans la semaine, vous le rappelez la veille (en espérant que ça le fera un peu ranger...)

- Vous savez déléguer... ce que vous ne pouvez pas obtenir de votre enfant, un autre l'obtient peut-être plus facilement. Vous n'en prenez pas ombrage... Dans le couple, il se peut que l'enfant ait décidé que l'un était bon, l'autre méchant (c'est un mécanisme connu des psychiatres avec certains patients adultes atteints de graves troubles de l'attachement : la thérapie marche bien avec deux thérapeutes, parce que le patient décide que l'un est mauvais et l'autre bon : si les deux thérapeutes le savent et coopèrent, la thérapie avance). Vous de même, vous déléguez certaines interventions au parent mieux placé pour les faire (pas toujours, mais souvent).

- S'il vous provoque, vous refusez d'entrer dans son jeu, vous quittez la pièce en disant : "On en va quand même pas se battre, mon chéri", voire "Je me sens en colère et je ne voudrais pas en arriver à te taper dessus, je préfère quitter la pièce, on en reparle plus tard", vous refusez les face-à-face mortifères,... où il excelle !

Témoignage 1

Témoignage 2

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Communiquez avec votre enfant de manière non violente

Votre enfant souffre d'un handicap de type émotionnel. Tout l'agresse. Il a une mauvaise image de lui et ne supporte pas les reproches, ne supporte pas d'être pris en faute. Les techniques de communication non-violente sont donc particulièrement intéressantes avec lui.

- Vous ne formulez pas de reproches vagues et généraux, vous énoncez à l'enfant un comportement observable qu'il ne peut pas nier : "En entrant, tu as fait ceci, tu as dit cela...", vous citez des faits concrets.

- Vous exprimez ce que vous avez ressenti. Ce n'est pas sa manière de faire que vous qualifiez (tu as été bruyant, malpoli, agressif, méchant, sale...), vous exprimez ce que cela vous a fait éprouver.
"Quand les portes claquent, ça me fait sursauter, et après je suis beaucoup moins calme, je me sens facilement en colère, je trouve que c'est dommage !"

- Vous lui formulez sans agressivité ce dont vous éprouvez le besoin pour vous sentir bien, ce que vous aimeriez qu'il fasse pour vous faire plaisir.
"Quand tu réussis à rentrer calmement, sans crier, je me sens bien et je sens que je t'aime beaucoup"

- Parce que c'est un enfant, vous n'êtes pas surpris d'avoir à le redire, vous le lui rappelez gentiment : "Tu as oublié que j'ai du mal à supporter ceci et cela ... J'aime beaucoup quand tu arrives à y faire attention "

- Le but est d'éviter l'escalade de l'agressivité lorsque vous avez une observation à lui formuler. Soyez dans le constat et dans l'authenticité de ce que vous ressentez, et non dans la moralisation (sauf exceptions pour des comportements graves, qui touchent à l'intégrité d'autrui par exemple)

Si cette manière de faire ne donne aucun résultat, si la gentillesse et l'expression de vos désirs sont sans effet sur lui, votre enfant souffre probablement de troubles graves de l'attachement.
Les crises sont donc fréquentes... (cf Gérer les crises, ci-dessous, mais vous vous en tirerez difficilement sans une aide professionnelle) Avec cet enfant, vous allez donc devoir être dans un premier temps beaucoup plus neutre, plus impersonnel(le), car l'expression de vos émotions, de vos sentiments, n'a guère de sens pour lui.
En revanche, si votre enfant vous est attaché mais a une mauvaise image de lui qui le rend vulnérable aux reproches, ou un déficit de contrôle émotionnel, les modes de communication non-violents peuvent vous être d'un grand secours. Pour en savoir plus, vous pouvez commencer par lire Marshall B. Rosenberg : "Les mots sont des fenêtres", initiation à la communication non-violente. La découverte. Il existe aussi des stages.

Témoignages sur la Communication Non Violente :
témoignage 1
témoignage 2
témoignage 3 : Donner des choix et fixer des conséquences...

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Laissez lui des choix et des zones de contrôle

Vous ne pouvez pas tout faire à la fois, vous êtes contraint à limiter vos efforts sur les valeurs essentielles (respect de l'intégrité d'autrui, de sa dignité, de sa propriété...), vous finissez donc par céder sur d'autres domaines, sinon c'est la guerre permanente. Essayez de délimiter les domaines sur lesquels vous renoncez EXPLICITEMENT à vous battre.
C'est vrai, il faut qu'il apprenne à vous faire confiance, mais vous pouvez aussi admettre qu'il a besoin de tout contrôler pour se sentir en sécurité... (comme les autistes, qui contrôlent tout de manière obsessionnelle.)

- La nourriture ? "OK tu manges ce que tu veux. Quand tu n'aimes pas ce que j'ai fait, tu te cuisines toi-même autre chose mais tu me rends les casseroles propres." Ou encore : "Tu n'es pas obligé de manger, tu peux attendre le repas suivant. De toute manière, quand le repas est terminé, il est terminé pour tout le monde."
(Il ne s'agit ici que d'exemples... L'important est que vous lui reconnaissiez une marge de liberté qui soit supportable pour vous dans la durée : pas d'acharnement pour le faire céder, pas de crispation familiale quotidienne pour le même motif)

- Un vrai choix commence à trois… l'alternative prend souvent des allures de chantage, de sanction déguisée. et le 3ème choix peut être demandé à l'enfant : "Tu as peut-être une autre solution à me proposer ?".
Il n'est pas rare que ça fasse disparaître le problème, que l'agressivité diminue même si le choix de l'enfant n'est pas retenu. Il se sent pris en compte…

Témoignage : Donner des choix et fixer des conséquences...

- La chambre ? C'est ta chambre, en ordre ou en désordre c'est ton problème. Je n'y rentre pas sans prévenir. Ou bien J'y rentre une fois par semaine remettre le linge propre dans l'armoire, changer les draps, aérer -hygiène oblige-, à jour fixe et je te le rappellerai la veille . (On peut peut-être attendre que l'enfant ait dix ans pour avoir cette attitude, à voir au cas par cas)

- Idée de Johanne Lemieux : le bocal à autres réponses.
Avec des enfants de six-sept ans, Johanne vous suggère d'avoir une boite avec des réponses toutes faites écrites sur des petits papiers pliés. Il vous demande à goûter un quart d'heure avant le dîner du soir, ou à ressortir chez un copain alors qu'il fait déjà nuit, ou veut se mettre à la peinture à l'heure d'aller au lit : vous opposez un refus avec une justification raisonnable, qu'il refuse.
Vous lui dites gentiment : "Ma réponse ne te convient pas, tu peux en tirer une autre."
Les autres réponses, c'est vous qui les avez fabriquées... Il est obligé de lire, il trouve la réponse probablement en décalage avec la question ("On ne fait pas ce genre de chose chez nous " ou "Merci d'attendre exactement 80356 minutes", ... ) vous l'autorisez à en tirer une autre...
La surprise et l'humour peuvent désarmer son opposition (ou l'exaspérer ?). Johanne Lemieux y voit une médiation efficace... A vous de voir.

- D'une manière générale, vous prévenez à l'avance (vous évitez toujours de prendre votre enfant par surprise pour tout ce qui le concerne), vous dites : dans dix minutes nous partons, dimanche nous allons déjeuner chez mamie, demain il y a le dentiste... C'est écrit sur un agenda de maison qu'il peut consulter.

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L'amener à réparer... plutôt que sanctionner

- A nouveau dans l'arsenal de Johanne Lemieux : un comportement contraire à vos souhaits entraîne des conséquences, et non des sanctions. Bien entendu s'il s'agit seulement de changer le mot, ce n'est pas très intéressant... mais...

- Une sanction est vécue comme arbitraire et comme un signe d'hostilité des parents. Une conséquence découle de l'acte, est directement liée à l'acte posé, et c'est important pour nos enfants d'établir ce lien, qui pour beaucoup d'entre eux ne va pas de soi. ... " Tu ne veux pas prendre ton manteau ? Mais tu auras froid et nous serons obligés de rentrer pour t'éviter d'attraper la grippe.". (Exemple valable si la sortie lui plaît ... et si vous êtes prêt à sacrifier votre plaisir de la sortie dans l'hypothèse d'un " mauvais choix " de sa part !)

- La conséquence permet d'énoncer clairement un choix : " Ou bien tu travailles maintenant et nous pourrons aller ensemble au zoo dimanche, ou bien tu ne fais pas ton travail aujourd'hui, et l'un de nous devra rester te surveiller dimanche pendant que l'autre emmènera ton frère au zoo. C'est toi qui choisis. " Là encore, il faut être prêt à tenir parole - malgré votre sentiment de culpabilité-, sinon vous n'êtes pas un parent fiable. Vous pouvez aussi décider que le travail scolaire ne relève pas de votre contrôle, à l'école de sanctionner !

- Il n'est pas toujours facile de trouver des "conséquences" qui soient liées logiquement avec l'acte posé par l'enfant. Quelle conséquence s'il refuse de parler courtoisement à son grand-père ? de surveiller sa petite sœur ? Il vous faudra être inventif/ive...

- Une maman affirme préférer annoncer: "Si tu fais le choix de me désobéir, il y aura une sanction, je n'ai pas à dire laquelle car si tu obéis, elle n'aura pas lieu (c'est très efficace, dit-elle, certaines mamans qui ont essayé sont enchantées)

- Dans d'autres cas, il est très intéressant de substituer la réparation à la sanction. Dans un moment de colère, il a cassé un CD de son grand frère, que peut-il faire maintenant pour réparer ? Que peut-il donner à son grand frère ? Comme la conséquence, la réparation est en lien direct avec l'acte posé et avec la victime de l'acte, c'est un premier avantage certain.

- Deuxième avantage : elle remet dans l'amitié de la victime, elle recrée de l'alliance.
"Tu as réparé, personne ne t'en veut plus". La réparation remet le compteur à zéro, mieux que la sanction. (Dans le cas d'un comportement grossier avec son grand-père, c'est la réparation qui convient).

- Troisième avantage : c'est en réparant qu'on apprend à aimer.
En situation ordinaire d'enfant élevé par une maman de naissance affectueuse, c'est en réparant pour ne pas perdre l'affection de sa mère que le tout petit découvre l'amour qu'il porte à sa mère ... il a fait mal, ou lui a fait mal, elle semble fâchée, il craint de perdre son amour, il est dans une peur de solitude, d'abandon ... alors il cherche à lui faire plaisir, il vient faire un bisou, il lui apporte un dessin ou une fleur ou lui offre le reste de son gâteau mâchouillé ... et dans ce moment où il agit pour réparer il prend conscience de son amour pour sa mère, il s'aime lui-même en train d'aimer sa mère. C'est typiquement le genre d'expérience qui a pu manquer à nos enfants atteints de troubles de l'attachement en raison de carences affectives précoces. Les inciter à réparer est souvent très efficace, et on découvre parfois qu'ils adorent ça !

Témoignage : Donner des choix et fixer des conséquences...

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Gérer les crises, notamment les crises d'opposition, les crises de colère, les insultes...

Redisons-le ici, s'il y avait des recettes miracles, passe-partout, ça se saurait... Vous trouverez ci-dessous quelques suggestions à essayer... et quelques certitudes de base auxquelles il faut se cramponner pour tenir dans la durée.

- D'une manière générale une consigne est donnée le plus clairement et le plus brièvement possible, pourquoi pas de manière courtoise ("merci de fermer la porte") mais toujours comme un ordre ponctuel, valable dans le moment présent. Non pas "Pourquoi ne peux-tu pas refermer la porte chaque soir quand tu rentres ?" ni "je t'ai déjà dit de toujours refermer la porte quand tu rentres" (où l'on sent déjà votre exaspération) mais simplement "merci de refermer la porte".

- Vous répétez calmement le même ordre, sans jamais entrer en discussion avec un enfant qui ergote, qui argumente sans cesse, jusqu'à ce que ce soit lui qui s'irrite de cette répétition et qui craque. Bien entendu il est normalement très souhaitable qu'un parent puisse justifier un ordre à un enfant (surtout un ordre inhabituel), mais certains enfants en profitent pour entrer dans des argumentations usantes à tout bout de champ : si c'est le cas, vous dites clairement que vous ne justifierez plus rien, ou que vous ne répondez pas aux questions dont ils connaissent les réponses ...

- Une suggestion ? celle de Johanne Lemieux avec son bocal à autres réponses (voir ci-dessus, "laisser des choix").

- Une autre ? Celle d'une maman qui désormais n'entend pas les injures, elle devient dure d'oreille style "professeur Tournesol" dans Tintin, et répète ce que sa fille vient de dire, toujours de travers, sur un ton interrogatif. Mais toujours gentiment, sans agressivité, sur le ton "je sais bien que tu ne penses pas vraiment ce que tu dis, et ce n'est pas grave". Et il est arrivé que sa fille lui dise : "c'est bien que tu ne comprennes pas ..."

- Encore une ? La même sous une autre forme, en fait : sachez surprendre votre enfant, il vous connaît bien (il est totalement branché sur le sensoriel, il perçoit beaucoup de choses de vous, en direct, il sait d'avance comment vous allez réagir ; c'est d'ailleurs quelque chose que vous détestez, cette capacité qu'il a à vous attirer sur un terrain où vous ne voudriez jamais aller, à provoquer chez vous des réactions que vous n'aimez pas avoir) ; donc réagissez de manière aussi surprenante que possible. Si c'est vous qui le déstabilisez, qui l'obligez à se poser des questions, vous avez gagné un tour !

- Et puis l'évidence : s'il est agressif, s'il est capable de vous frapper, évitez d'aller à l'affrontement physique, refusez le corps à corps, sachez vous retirer à temps, dans son intérêt comme dans le vôtre. Le fait pour un enfant de frapper son parent constitue une limite au-delà de laquelle on entre dans l'insupportable, cela doit rester totalement tabou pour votre enfant.

- En cas de forte colère, le "holding" ou thérapie de maintien est-il encore possible ? (voir 3-7 ans).
Ce n'est pas certain, lisez cependant le témoignage d'une maman à ce sujet, afin de bien réfléchir à l'attitude intérieure que cela implique.
Holding : précautions et limites

- Ne vous laissez pas déstabiliser, ne montrez pas d'inquiétude, soyez toujours rassurant, plus fort mentalement que lui, comme vous le feriez s'il était épileptique, ou ivre, ou sujet à des crises pathologiques (c'est à peu près le cas...).

- Pensez que votre enfant a peut-être été maltraité et qu'il cherche à reproduire une relation, une réaction, qu'il considère comme normales. Il s'enferme dans la répétition du passé. Essayez d'en parler avec lui.

- Si vous craquez exceptionnellement alors qu'en général vous tenez le coup, ce n'est pas grave : premièrement l'enfant sera surpris et désarçonné, deuxièmement il verra clairement qu'il est allé trop loin...
Mais si vous craquez tout le temps, il va prendre goût à avoir barre sur vous et ne pourra pas se sentir en sécurité. Or la peur (peur de l'abandon, peur d'être rejeté, peur de n'être pas aimé) est présente derrière presque tous ses comportements.

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Ne prétendez pas tout maîtriser

- Les problèmes à l'école doivent être gérés à l'école et par l'école...
Vous expliquez la situation aux enseignants, mais vous ne le défendez pas becs et ongles, ni ne le punissez une nouvelle fois à la maison pour un mauvais comportement en classe. Vous expliquez aux enseignants que vous le les déjugerez pas, ne les critiquerez pas, tant qu'ils resteront dans les sanctions légales... Vous ne pouvez pas (avec un enfant atteint de troubles de l'attachement) être sur tous les fronts à la fois.

- Vous expliquez cette position à votre enfant, vous lui dites qu'il est responsable de ce qui lui arrive à l'école, que ça peut aller jusqu'à l'exclusion, ce qui le priverait de ses camarades ... et que vous n'y pourrez rien !

- D'ailleurs, si vos finances le permettent, vous payez un étudiant pour surveiller le travail du soir ... Vous ne multipliez pas les occasions de conflits, d'affrontements. L'étudiant apporte une neutralité (et une jeunesse) bienvenues. Mais vous le soutenez de vos attentes sur le plan scolaire : on ne peut pas dire à une enfant de huit ans qu'il travaille pour son avenir, c'est incompréhensible pour lui

- Les problèmes de votre enfant avec les voisins, les parents, les amis, sont également ses problèmes et leurs problèmes, pas les vôtres...
Là encore, essayez de rester un peu à distance (sauf si son comportement implique votre responsabilité pénale, évidemment !)

Témoignage

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dessin de Thimothée, 6 ans

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Permettez-lui de s'exprimer, de donner forme artistique à sa violence, à sa peur, à sa haine

Toutes activités artistiques qui permettent d'exprimer quelque chose de son mal être, de son état intérieur, sans forcément en avoir conscience, mais de manière à le mettre en acte d'une manière socialement acceptable et même valorisée, sont infiniment préférables au passage à l'acte :
- Ateliers d'art dramatique, de mime, de jeux de rôles, d'improvisation ...
- Création de chansons, rap, poèmes ...
- Dessins, peinture, collages ...
- Modelage, sculpture ...

Intéressez vous à ses productions, encouragez-le à s'y adonner, inscrivez-le à un atelier s'il l'accepte sur un temps hors scolaire. Soyez disponible pour en parler avec lui s'il en manifeste le désir (sans forcer pour autant ses confidences).

Attention : il ne s'agit pas de multiplier les activités artistiques péri-scolaires ! Votre enfant a aussi besoin de se poser. Un atelier, ça va, trois ateliers bonjour les dégâts ! Mais vous pouvez encourager toute expression artistique spontanée...

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Passez par le corps pour le rééquilibrer, lui donner de l’aisance relationnelle

- les massages peuvent redonner de la confiance en soi et en l’autre, si l’enfant les accepte bien

- travailler la voix pour la diction, pour le chant, c’est travailler à exprimer ses émotions

- se déguiser, c’est jouer, mais c’est aussi se mettre dans la peu de quelqu’un d’autre, se représenter ce que peut éprouver l’autre

- soigner un animal, c’est réapprendre l’attachement affectif

- aller marcher ensemble dans la nature, c’est se rapprocher sans risque confusionnel, chacun à sa place, dans la proximité sans excès d’intimité

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Cherchez avec lui des activités sportives qui lui fassent du bien

Certains types de pratique sportive peuvent lui être plus particulièrement utiles :

- Les jeux collectifs, excellents pour la socialisation et l'apprentissage des règles.

- Les arts martiaux où l'agressivité est à la fois sollicitée et régulée, codifiée (le judo par exemple, l'escrime) mais aussi le football si l'entraîneur est un bon éducateur - à vérifier...

- Les pratiques sportives relaxantes, hors esprit de compétition (natation, marche en forêt, danse dans un climat non professionnel..., ski cool...

Evitez soigneusement tout sport dont il sortirait tendu, crispé, agressif...

pour en savoir plus : arts martiaux

témoignage : équitation

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Inscrivez-le dans un mouvement de jeunesse ... en plein air !

Si le mercredi et le samedi sont pour vous des épreuves pénibles, des jours de tension insupportables, pensez aux mouvements de type scoutisme, il en existe dans à peu près toutes les familles idéologiques (confessionnelles et non confessionnelles, attention à éviter les rares mouvements à relents totalitaires racistes).

La discipline de groupe peut lui être très bénéfique : tel enfant toujours en rébellion à la maison vit bien l'encadrement d'un mouvement scout ou éclaireur et profite des sorties en pleine nature, au lieu de s'exciter immobile devant la télé, les game-boy et les play station ...

Cependant, vous en trouverez peu qui acceptent les enfants avant huit neuf ans ...

Les centres aérés à la journée sont également une possibilité... renseignez-vous sur le type d'activités qui y est pratiqué... et équilibrez bien sa semaine : le rythme scolaire fatigue certains enfants.

Pour en savoir plus : mouvements de jeunesse

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Vous mettez des mots sur ce qu'il vit...

Ce qui était vrai pour les enfants de trois à sept ans reste vrai avec les plus grands. Attention simplement à adapter votre langage à l'âge de votre enfant : il est immature sur le plan affectif et émotionnel, mais pas intellectuellement ...

- Vous mettez des mots sur les émotions qu'il manifeste, à travers ce que vous en voyez. Non pas pour figer les choses (vous pouvez y mettre une pointe d'interrogation dans le ton), mais pour l'aider à trouver un autre mode d'expression que le passage à l'acte. Quand il pourra nommer ses émotions, ses sentiments, il aura peut-être moins besoin de les agir.

- Vous évitez de dire "En ce moment tu es méchant", vous dites plutôt "je vois que tu n'es pas bien" ou "je vois que tu souffres"

- Vous formulez des hypothèses sur l'origine de ses émotions, de ses tristesses, de ses colères. Ce qui est une manière de l'aider à se comprendre lui-même, à prendre de la distance par rapport à ses affects ; et aussi une manière de lui faire sentir votre désir de le comprendre et non de le juger.

- Vous pouvez lui dire, si vous sentez en lui une colère contre son passé, contre sa mère de naissance, contre vous, que cela vous paraît normal, qu'à sa place vous aussi vous seriez sans doute triste et en colère ... avant de préciser que toutefois il ne doit pas taper sur son entourage, casser tous les objets à sa portée etc. Parfois aussi l'origine des colères ou des chagrins est beaucoup plus proche et banal : jalousie entre frère et soeur, fâcherie à l'école, frustration etc. Il ne faut pas non plus l'inciter à tout mettre sur le dos du passé et à se poser en victime constamment ... Le difficile est de deviner juste, d'être empathique avec l'enfant pour percevoir la nature et la profondeur de ses chagrins.

- En fait ce serait encore mieux de réussir à en parler de manière un peu distanciée, de dire "on", au lieu de dire "tu". Non pas "je pense que tu es en colère contre ta maman de naissance", mais "tu sais, quelquefois, quand on a vécu des choses difficiles, on reste longtemps en colère contre les gens..."

- Vous avez nommé et expliqué l'adoption, vous lui racontez son histoire, surtout lorsqu'il la demande, et vous lui rappelez qu'il est en sécurité chez vous pour toujours.

- S'il vous dit qu'il ne vous aime pas, que vous n'êtes pas son vrai papa ou sa vraie maman, ne vous effondrez pas : dites-lui qu'il a le droit de penser ça, qu'il a le droit de ne pas vous aimer, mais que vous allez tout faire pour qu'il ne soit pas trop malheureux, et que, comme un enfant ne peut pas vivre seul, il restera chez vous tant qu'il sera petit et qu'il en aura besoin, et qu'il choisira lorsqu'il sera grand.

Que vous espérez qu'il deviendra un bel adulte dont son père et sa mère de naissance pourront ou pourraient être fiers ...

Témoignage

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Vous apprenez à l'écouter

- Ne croyez pas que ça soit facile : écouter ça s'apprend !
D'ailleurs il existe des formations à l'écoute, où l'on découvre à quel point on ne sait ni écouter ni entendre... à quel point on n'écoute que soi, on n'entend que soi.

- Le premier temps, c'est de créer les conditions qui vont permettre à l'enfant de parler s'il en a besoin, et de se sentir à l'aise pour parler. Il y faut évidemment du silence, le sentiment d'avoir du temps devant soi (si l'on est tout le temps bousculé, "allez presse-toi je vais être en retard", comment se parler de choses profondes, intimes, douloureuses), la certitude de ne pas être interrompu avant d'avoir pu s'exprimer. C'est pourquoi il est important d'avoir des temps rituels, qui peuvent ne pas être les mêmes pour chaque enfant, ni les mêmes à chaque âge. Avec les petits, c'est plus facilement le temps du coucher, mais cela peut être la salle de bains si l'on a du temps, une promenade à jour fixe, un temps de tête à tête en voiture en allant faire les courses de la semaine.

- Le deuxième c'est de réfréner son envie d'intervenir, de commenter, de rectifier, de consoler, de rassurer ... Soit un enfant qui vous dit : "Des fois j'ai peur qu'on vienne me reprendre, la nuit je rêve que quelqu'un vient me reprendre parce que je ne suis pas vraiment votre fille...", vous allez avoir envie de la rassurer tout de suite. Mais votre fille sait bien, rationnellement, qu'on ne la reprendra pas, vous avez le temps de réfléchir à ce que vous pouvez faire ou dire pour la rassurer ... laissez la en dire plus, tentez de vider l'abcès. Aidez-la s'il le faut, discrètement : "ça t'arrive souvent ?" "ça te fait quoi ? tu as très peur ?". L'important n'est pas votre réponse, l'important est que l'enfant ait pu vous confier quelque chose de son moi intime et qu'il ait conscience que vous l'avez entendu avec empathie. Il peut être plus important pour lui de vous entendre dire " j'ai le souvenir d'avoir eu des pensées comme ça quand j'étais enfant, ça me faisait beaucoup de peine aussi ", si vous avez eu ce type de fantasme, que d'entendre des propos lénifiants et banalisants (à condition que vous ne tiriez pas la couverture à vous pour lui raconter toute votre enfance au lieu de l'écouter).

- Le troisième c'est d'entendre juste, de deviner ce qui n'est pas dit... ce n'est pas le plus facile.
Un enfant qui dit : "Elle était méchante ma première maman, elle m'a abandonné" ne porte pas un jugement moral sur sa mère (c'est peu probable à 7 ou 8 ans), il exprime par là qu'il lui en veut (il dit aussi que vous êtes "méchante" quand vous lui refusez quelque chose, parce qu'il vous en veut).
Si vous entendez bien cela, au lieu de dire "Mais non, ne dis pas cela, elle n'était pas méchante etc", vous direz "ça te fait de la peine de penser à elle ?" et l'enfant pourra en dire plus en sentant que vous êtes bien à l'écoute, que vous le comprenez.

- Le quatrième c'est de lire ses symptômes (ses comportements difficiles) comme autant de manières d'exprimer la souffrance qu'il n'a pas les " mots pour dire ". A ce moment-là, votre réaction à ses comportements sera enrichie de cette compréhension, il sentira que vous le comprenez plus que vous ne le jugez, et à terme ça fait beaucoup de différence

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